UTILISER UN ÉGALISEUR MULTIBANDE POUR RÉSOUDRE LES PROBLÈMES DE MIXAGE LES PLUS COURANTS

UTILISER UN ÉGALISEUR MULTIBANDE POUR RÉSOUDRE LES PROBLÈMES DE MIXAGE LES PLUS COURANTS

Bien avant l'enregistrement numérique, avant la réverbération à ressorts, avant même la bande analogique, il y avait l'égalisation. L'égaliseur est un vieil outil de l'arsenal de l'ingénieur du son, et l'un des plus puissants. Utilisé judicieusement, l'égaliseur peut ajouter de la clarté et de la définition à un paysage sonore encombré. Employé avec précision, il permet de supprimer les sons gênants que nous n'avions pas nécessairement l'intention de capturer. En tant qu'outil stratégique, un égaliseur peut au moyen d'une petite correction faire toute la différence pour rétablir la paix entre deux guitares, rendre moins confuse la batterie la plus lourde ou faire ressortir et briller une voix banale.

Mais trop souvent, l'égaliseur est mal utilisé et mal compris, généralement dans une vaine tentative de corriger un enregistrement médiocre. La règle numéro un en matière d'enregistrement s'applique toujours : "Garbage in, Garbage out", autrement dit une mauvaise source donne immanquablement de mauvais résultats. Une légère correction permet d'améliorer le son d'une bonne piste, mais l'égaliseur ne pourra pas améliorer le son d'une mauvaise piste. Le meilleur mixage commence par le meilleur enregistrement. Essayez donc de capturer le meilleur son possible dès le départ

Vos oreilles sont les juges finales en matière d'application de l'égalisation. Bien que nous puissions parler de quelques principes généraux, chaque instrument a ses propres caractéristiques et son propre timbre, et réagira différemment à l'accentuation ou à l'atténuation de certaines fréquences. Prenez donc ces suggestions et toutes les autres pour ce qu'elles sont : utilisez-les comme point de départ, mais prenez vos décisions en fonction de ce qui sonne bien.

Enlevez-moi ça

En matière d'égaliseur, le moins est préférable au plus, et il vaut mieux retirer qu'ajouter. De nombreux utilisateurs moins expérimentés ont tendance à faire ressortir un instrument en augmentant ses fréquences, mais les résultats cumulés peuvent être dangereux. En ajoutant seulement 2 dB de gain à deux instruments différents qui peuvent exciter les mêmes fréquences (et ils le feront, soyez-en sûr), vous obtenez un gain très audible de 4 dB. Poussez trop l'égalisation et votre mixage peut facilement devenir confus. Il est souvent préférable d'essayer d'atténuer ces mêmes fréquences sur d'autres instruments.

Une autre bonne raison de minimiser l'utilisation de l'égalisation additive : alors que l'atténuation des fréquences est un processus passif, leur accentuation fait fonctionner l'égaliseur comme un préampli sur le trajet du signal. L'ajout d'un préampli est synonyme d'ajout de bruit et de distorsion, et les préamplis de la plupart des circuits d'égalisation sont loin d'être optimaux.

Tous ces arguments mis à part, il est parfois plus efficace de renforcer un élément du mixage plutôt que d'en atténuer des dizaines d'autres. Une fois de plus, le mot clé ici est modération – une petite augmentation de 1 ou 2 dB peut faire beaucoup.

Correction de la batterie – Si ça ne va pas, vous devez utiliser l'égaliseur

Si votre mixage comprend une batterie, il y a fort à parier que vous passerez une grande partie de votre temps de mixage à la corriger avec l'égaliseur. Comme la batterie couvre un spectre très large, beaucoup d'autres éléments du mixage risquent d'entrer en concurrence avec ces fréquences. La grosse caisse et la caisse claire, en particulier, ont tendance à occuper une place importante dans le paysage sonore du morceau, et pour les aider à bien s'entendre avec les autres, l'égaliseur est votre ami. Si vous travaillez avec une batterie captée en live, gardez à l'esprit que chaque piste de batterie contient également des fuites (les fameuses "repisses") provenant d'autres micros. L'amplification d'une fréquence sur une piste peut donc également faire ressortir les sons hors axe des micros adjacents, créant ainsi potentiellement plus de problèmes qu'elle n'en résout.

En règle générale, la grosse caisse et la guitare basse se situent toutes deux dans la plage de fréquences allant de 80 à 120 Hz, et un peu d'égalisation peut aider à mieux définir le bas du spectre. Il est conseillé de rendre un son plus rond et plus grave et l'autre un peu plus brillant et percutant ; pour cela, le choix de l'un ou de l'autre sera dicté par le morceau.

Pour une grosse caisse au son terne, une légère amplification entre 80 et 120 Hz produira un son d'impact plus robuste et plus rond. Une toute petit accentuation à 500 Hz peut faire ressortir le "clic" de la batte frappant la peau de la batterie, et peut être utile pour éviter que la grosse caisse ne disparaisse une fois votre morceau dans les écouteurs de l'auditeur avec l'inévitable version MP3 basse fidélité.

Les caisses claires existent dans une telle variété de tailles et de matériaux qu'il est difficile de faire des généralisations sur les fréquences. Mais le cliquetis du timbre de la caisse claire se situe entre 5 et 10 kHz, et un tout petit peu de gain à cette hauteur permet d'éclaircir une caisse claire terne. Si votre caisse claire soufre d'un son "cartonneux", essayez d'atténuer un peu les fréquences de 300 à 800 Hz.

Avec les toms, une erreur fréquente consiste à augmenter les basses fréquences pour les faire ressortir. L'ajout de quelques dB à 100 Hz augmentera leur puissance, mais au prix d'une certaine confusion du mixage. Une meilleure stratégie pour donner de l'énergie à ces toms est de ne pas toucher au bas de leur spectre et de les accentuer un tout petit peu à 5 kHz pour faire ressortir l'attaque. Et comme pour la caisse claire, essayez d'atténuer la même plage de 300 à 800 Hz pour éliminer l'effet tout en carton.

Presque tous les toms ont une résonance, et certaines peuvent être problématiques. Bien sûr, les principes de base s'appliquent : accorder les toms avant tout pour réduire ou éliminer la résonance. Quel que soit le problème de résonance restant, il peut être traité par une approche chirurgicale à l'aide d'un égaliseur multibande. Sélectionnez un facteur de qualité (Q) étroit et augmentez le gain en balayant la bande des médiums. Lorsque vous localisez ainsi la fréquence fautive, appliquez-lui une réduction de quelques dB pour la faire disparaître.

Les micros de prise de son par-dessus ("overheads") sont une arme à double tranchant. Leur position et leur distance relative par rapport à la batterie leur permettent d'ajouter de l'air et de l'ambiance, mais les cymbales sont bruyantes et peuvent dominer le mixage. Essayez de monter un peu les 10 kHz pour éclaircir la piste, puis réduisez le niveau général pour obtenir de l'air sans que le rendu ne soit trop métallique.

Égaliseur de l'appli de contrôle Mackie Master Fader

L'essentiel pour la basse

Bien que rien ne se rapproche du son d'un baffle SVT enregistré en live, il n'est pas toujours possible de jouer au volume souhaité dans le monde actuel des studios de maquette. Si vous travaillez avec une piste de basse enregistrée en direct sans ampli, il y a de fortes chances qu'elle soit un peu plate et quelconque par rapport à un ampli de basse capté au micro. La bonne nouvelle, c'est que cette platitude facilitera l'égalisation de la piste ainsi enregistrée, puisqu'il y a moins de coloration au départ.

Comme pour la grosse caisse, accentuer la plage 80-120 Hz d'une basse électrique lui ajoutera de la rondeur et de la profondeur. Pour ajouter de la présence et de l'attaque, optez pour une plage légèrement plus haute que celle de la grosse caisse, autour de 1 kHz. N'en ajoutez pas trop, car vous feriez également ressortir le bruit des doigts.

Faire de la place pour les guitares

Les guitares comptent parmi les instruments les plus polyvalents, mais cette polyvalence peut se transformer en véritable défi. Avec les guitares électriques, si vous avez la chance d'avoir un musicien qui connaît bien son ampli et sa sonorité, le mieux est de faire aussi peu de changements que possible.

Si vous avez deux parties de guitare rythmique, un peu de panoramique et d'égalisation peut aider à les distinguer l'une de l'autre. Essayez d'augmenter légèrement les fréquences aux alentours de 100 Hz sur l'une des guitares pour augmenter les bas médiums (avec éventuellement une réduction correspondante sur l'autre guitare). Expérimentez avec des fréquences plus élevées sur la deuxième partie – l'amplification de différentes fréquences entre environ 750 Hz et 10 kHz fera ressortir un type d'éclat différent. Atténuer un peu de 250 à 500 Hz peut aider à éliminer la rudesse et l'empâtement.

La guitare acoustique est un animal très différent. Chacune a un timbre et une sonorité uniques, qui dépendent en grande partie de la pièce, du choix et de la position du microphone et, bien sûr, de l'interprète. Un micro trop proche de la rosace produira un son trop résonant ; une légère coupure à 100 Hz peut aider. Une prise de son de proximité peut également donner une impression cartonneuse à cause de la résonance du bois, en particulier dans les médiums. Essayez d'atténuer un peu la plage de 300 à 400 Hz. Et bien sûr, faites ressortir le chatoiement et le son de balayage des cordes en renforçant les plages hautes, de 750 Hz jusqu'à environ 10 kHz (en faisant attention au bruit des doigts).

Écoutez avant de regarder

Un dernier point : prenez ces conseils et tous les autres comme de simples suggestions. Il n'y a pas de règles strictes, sauf une : utilisez vos oreilles. Tout est dans le son, alors fermez les yeux et écoutez. Ajustez votre égaliseur, puis écoutez à nouveau. Écoutez vos changements dans le contexte de l'ensemble du mixage, et pas seulement en solo.

Ne fixez pas les indicateurs de niveau, ne dépendez pas des préréglages du concepteur d'un logiciel DAW et n'augmentez pas une certaine fréquence sur un instrument juste parce que vous avez lu que quelqu'un d'autre le faisait. Chaque instrument est différent, chaque pièce sonne différemment, chaque artiste et chaque morceau sont uniques. Votre approche doit l'être également.

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